Voilà bien longtemps que je n’avais écrit…Qu’est-ce qui me pousse à le faire aujourd’hui je l’ignore…peut-être est-ce parce que ces temps-ci la vie me semble un fardeau encore plus lourd et que je me dis « pourquoi continuer à porter ce lourd bagage »….
Je suis bi-polaire, hypersensible, médicamentée jusqu’au cou pour tenir sur mes jambes depuis plus de 40 ans…
Et si je décidais de lâcher prise et de glisser tout en douceur….
Je ne parviens plus à partager quoi que ce soit, je ne parviens plus à « recevoir » au sens noble du terme, j’ai perdu mes mots, mes sourires….Tout devient de plus en plus contraignant et absurde.
La communication avec l’extérieur est de plus en plus difficile pour moi, je ne souffre pas, c’est comme un film qui passe et repasse dont je connais toutes les images, tous les dialogues, je n’ai plus envie de rien…
Contrairement à tout ce que pensent les gens qui me connaissent et sont séduits par mon sourire la vie est pour moi depuis toujours comme une tâche à mener à son terme, une tâche, noire…
De plus loin que je me souvienne, jamais je n’ai remercié d’être vivante et j’aurais tellement voulu pouvoir transférer mon capital vital vers une personne qui ne demande qu’à embrasser la vie…
Je n’ai jamais imaginé, comme le dit Camus, Sisyphe heureux, pour moi la vie reste un non sens. On vient au monde sans le demander, on le quitte sans pouvoir décider du moment où l’on veut partir, et entre les deux on essaie de trouver un sens à la vie.
Aujourd’hui je pense avoir accompli tout ce que je pouvais pour faire de ma vie quelque chose d’acceptable mais aujourd’hui je reste perplexe, pourquoi ne pas partir maintenant.
Mais comment partir? Je suis enchaînée là alors que je veux m’envoler…
L’amour a toujours été pour moi une raison de vivre, celui que je donne, pas celui que je reçois, et à ce jour je pense avoir épuisé mon capital d’amour et d’affection….
J’ai perdu les êtres qui m’étaient les plus chers au monde alors….
Ce texte n’est pas un appel au secours, ce texte a été écrit pour que celles et ceux qui me connaissent ne soient pas choqués, attristés ou culpabilisés si je décidais de m’arrêter maintenant ou plus tard parce que je suis fatiguée.
Nous avons seuls , parmi les être vivants , ce lourd privilège de nous poser la question du pourquoi de notre existence.
C’est pour ça que les religions existent , pour apaiser cette interrogation .
Tu es grand mère , accompagne cette relève qui pour le moment ne se pose pas la question de sa présence au monde et probablement sourit à la vie si elle a la chance d’être en bonne santé..
Et si nécessaire lance toi sur Compostelle , pour St Jacques ou pas , pendant que c’est possible , parce que je pense que tant qu’on peut marcher la vie mérite d’être vécue…
On n’a qu’une vie, on doit profiter de chaque instant, ne pas mépriser cette vie unique qui nous est donnée par ‘miracle’ et ne pas oublier qu’il y a dans le futur de merveilleux instants qui nous attendent..