Live Love and Cook

Me voilà de retour dans les salles obscures, le cinéma j’adore, il me fait voyager quelques heures, m’instruit, parfois m’enchante, parfois me révolte mais surtout m’aide à lutter contre la solitude.

Hier samedi, alors que j’ai horreur d’aller dans les centres commerciaux en fin de semaine, je me suis précipitée sur la première séance du dernier film de Anne Fontaine, Police.

J’avoue avoir surtout été attirée par le casting car je suis totalement amoureuse d’Omar Sy et j’adore la grâce de Virginie Efira. Ce film était loin de me surprendre et pourtant c’est un sujet délicat qui y est abordé.

Virginie, Erik et Aristide, trois flics parisiens, se voient obligés d’accepter une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que leur prisonnier risque la mort s’il rentre dans son pays. Face à cet insoutenable cas de conscience, elle cherche à convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.

Pour avoir travaillé pratiquement toute ma vie dans le social, ce film a fait écho forcément.

Lors de ma carrière au Ministère de la Justice, j’ai appris réellement ce que signifie le mot « injonction » « conscience professionnelle » « cas de conscience » « ordre« .

Chaque métier a son lot de difficultés, mais lorsque l’on travaille avec de l’humain il est très difficile de laisser de côté ses affects.

Ce film en est un exemple parlant. Sous chaque uniforme se cache une personne, une personne parfois blessée, une personne humaine avec ses faiblesses et ses capacités.

Beaucoup de personnes s’insurgent contre les policiers, ce film remet peut-être en place certains à priori.

Etre policier n’est pas donné à tout le monde effectivement comme le dit Omar Sy dans une réplique (que celui qui ne s’est jamais moqué du niveau intellectuel des flics lève le doigt) « je suis un bon flic sur le terrain j’ai pas besoin d’être un Larousse…« n’empêche qu’on peut être un gros bras sur le terrain et avoir un coeur caramel….

On ne s’improvise pas « policier » …

Ce film « édulcoré » certes vous montre aussi la dure réalité de ce métier… comment réagir face à un homme qui vient de fracasser sa femme à coup de poings, comment se taire face à une femme qui met son bébé dans un congélateur pour qu’il se calme, comment reconduire à la frontière un réfugié politique qui sera forcément abattu à son arrivée…

Ce film montre la trajectoire de ces policiers lambda confrontés à leur propre vérité, au cours d’une mission pour laquelle ils n’ont pas été formés. Comment obéir, ne pas transgresser des ordres que l’ont trouve infondés?

Chaque acteur joue sa partition avec une extrême gravité en particulier Gregory Gadebois, fermé comme une huître, ainsi que Virginie Efira très juste elle aussi.

La question sous-jacente également de ce film est, comment vit on son propre quotidien? Comment réussir une vie de couple ou une vie de famille lorsqu’on assume un métier qui nous tient éloigné des nôtres jusqu’à des heures impossibles, un métier qui vous enduit de crasse et de dégoût dont vous ne pouvez vous défaire en vous savonnant les mains sous le robinet…

Cela a été mon problème aussi, comment oublier une situation violente qu’on vient de vivre, comment ne pas faire subir à sa famille son propre stress? Si ce n’est en choisissant un partenaire qui fait le même métier que vous…souvent les enseignants se choisissent entre deux, les éducateurs, les policiers, les médecins….

Police est un film qui dénonce des violences policières incompatibles avec nos libertés, et qui montre aussi que l’action des forces de l’ordre est un rempart nécessaire face à l’inexorable « ensauvagement » de nos sociétés.

Je vous conseille d’aller voir ce film car il vous ouvrira davantage les yeux sur la vie que peut-être celle d’un flic…..