De l’eau et des larmes

Il n’était pas prévu que j’écrive un billet avant de m’envoler vers le Népal pour une retraite silencieuse mais je ne peux m’empêcher de vous murmurer l’émotion qui m’a envahie mercredi au cinéma.

Je me disais que ce film, ce chef d’oeuvre ne serait plus à l’affiche au moment de mon retour, donc j’ai donc poussé la porte de la salle obscure pour découvrir le dernier cadeau que nous a fait Guillermo Del Toro avec ce long métrage « The shape of water » traduit en français par La Forme de l’eau, mais je préfère de loin le titre anglais tellement plus évocateur, révélateur de ce qui nous attend. Le mot anglais, the shape, ne signifie pas seulement une forme, c’est une silhouette, une ombre, un reflet…. Le mot « forme » en français est un mot plus « pesant »  moins rempli de sens.

Je ne suis pas, en général, une grande fan de films de science-fiction, ou de fantastique, mais là j’avoue être complètement sous le charme beaucoup plus que je l’ai été lorsque j’ai découvert « Avatars ».

« The shape of water » n’est pas, pour moi, un film fantastique, il décrit une vérité, la vérité de l’humanité, la cruauté des hommes pour obtenir le « prestige », la gloire, les honneurs, pour être en tête, sur la plus haute marche du podium sans se soucier des conséquences ou de la manière de s’y prendre pour se hisser au sommet en faisant fi de tout principe d’humanité.

Aujourd’hui, malheureusement nous en sommes encore là, car même si Guillermo Del Toro nous présente « un conte », ce conte décrit l’état d’esprit d’une humanité à laquelle j’ai parfois honte d’appartenir.

Les hommes pêchent par vanité et ne cesseront jamais de le faire même si ils savent que notre planète est en voie de destruction….

Quand les hommes cesseront-ils de se croire différents ou supérieurs, la faune, la flore, la terre, la nature est bien supérieure et nous n’avons aucun droit de vie et de mort sur qui que ce soit sous prétexte que notre « shape » est différente.

Que l’on naisse blanc, noir, le corps couvert d’écailles, de plumes, que nous soyons une fleur, un arbre, un animal nous avons tous droit à la vie et j’avoue que le pire prédateur sur cette terre me semble être l’homme.

Ce film nous montre d’une manière subtile combien l’homme continue à avoir peur de tout ce qui ne lui ressemble pas et que la xénophobie est inscrite dans les gênes de l’humanité.

L’histoire:

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

Guillermo del Toro nous offre à travers ce film une projection, une image de ce que devient l’humanité, nous montre de manière subtile ce qui nous attend…

Au delà de ce message, au niveau visuel ce film est d’une esthétique rare, tout en couleur sépia, pour nous replonger plus aisément à une époque (1962) où l’homme n’était pas encore partie sur la Lune, et que les Américains et les Russes faisaient la course au « prestige ».

Le jeu des acteurs, comment vous dire, ils sont criants de vérité quelque soit le rôle tenu, le méchant (Michael Shannon), les deux femmes de ménage (Sally Hawkins et Octavia Spencer), le voisin (Richard Jenkins), tous méritent un grand coup de chapeau!

Et puis bien sûr ce film est une histoire d’amour, une identique histoire d’amour. Un témoignage poignant qui montre que l’amour naît entre deux personnes non cause d’un emballage mais bien à partir de l’attention qu’on porte à l’autre.

Combien l’amour grandit à force de rencontres, d’observation, de risques qu’on ose prendre, d’interdits qu’on viole pour aller à la rencontre de l’autre pour l’aider, le chérir, le soulager.

Ce film montre combien l‘amour est un geste avant tout altruiste, aimer ce n’est pas se regarder soi, mais regarder l’autre et faire briller son regard et en l’occurrence dans le film cela est montré d’une manière absolument magnifique. Lorsque « The shape » ressent  de l’amour sa peau se met à scintiller de milliers d’étoiles.

Merci, à Guillermo del Toro de m’avoir offert ce moment de félicité et d’émotion, une émotion qui, trois jours après, ne m’a pas quittée, merci de m’avoir convaincue que ma façon d’aimer est la bonne, que la direction que j’ai donné à ma vie est la bonne. De m’avoir montré qu’on ne peut se sentir humain en faisant le mal autour de soi ou en détournant les yeux à la vue de la détresse d’autrui.
Ce billet est très personnel même si il parle de cinéma, je voulais juste vous parler de mon émotion, des messages qui sont venus me percuter avec violence et vérité. Je voulais vous dire que l’émotion et les larmes ont été si intenses que j’ai été la dernière personne a quitté mon siège dans la salle tentant de calmer mon coeur.
Pour moi ce film n’est pas un conte, la princesse embrasse le crapaud qui reste un crapaud et c’est bien cela l’amour, être capable de tomber amoureuse d’un crapaud en faisant un pied de nez magistral au regard d’autrui.
Aimer est toujours une  prise de risque, l’amour n’est pas de l’eau de rose, l’amour c’est juste rendre l’autre heureux, le voir épanoui en étant auprès de lui ou loin de lui si les circonstances ne permettent pas d’être côte à côte.
L’amour pour soi, n’est pas de l’amour c’est de l’égocentrisme, un sentiment que je ne connais pas.
Je vous encourage à aller voir ce film, adepte ou non de films fantastiques, vous serez, j’en suis certaine, conquises et conquis et vous verrez peut-être votre regard sur le monde se modifier.
Je vous souhaite une très belle séance.
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Crédits photos: Allociné
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Profession journaliste

Vous savez toutes et tous que je ne peux me taire ou ne pas écrire quand j’ai la chance de voir un bon film! Et justement je viens de sortir d’une séance qu’il ne faut pas que vous ratiez,  j’ai été voir Pentagon Papers, le dernier film de Steven Spielberg! Un vrai coup de coeur!

Un coup de coeur pour plusieurs raisons, d’une part, peut-être, parce que j’ai la passion de l’écriture tout comme un journaliste. Ecrire, renseigner, partager, c’est la passion du journaliste, c’est aussi un peu ma passion et c’est sûrement pour cette raison que je tiens ce blog depuis bientôt deux ans. J’ai également beaucoup de respect pour les personnes qui malgré la tempête font des choix qui les engagent tout entier, des choix qui peuvent être fatals, car parfois garder son intégrité peut vous faire prendre des risques, des risques très conséquents! Ou même simplement suivre son éthique, ou sa déontologie!

Cela vaut-il le coup de porter la vérité et le savoir? Moi je dis oui, le mensonge n’est valable que lorsque l’on ne veut pas blesser autrui, c’est peut-être la seule fois où il est admissible et encore peut-être juste dans la sphère familiale.

Que raconte ce film, si ce n’est à quoi engage le métier de journaliste.

L’histoire:

Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…

Ce film est intéressant parce qu’il touche les secrets d’état, et nous dévoile les coulisses du métier de journaliste, d’autre part,  il vient aussi nous rappeler la place des femmes en 1970 et combien il était difficile à l’époque de faire sa place sur la scène politique ou le monde des affaires, ou exister simplement comme une femme qui a de la « jujotte » et ne s’intéresse pas seulement aux futilités que sont la mode, la cosmétique, ou les robots ménagers!

Les acteurs Meryl Streep, dans le rôle de Mme Graham, et Tom Hanks sont authentiques, parfaits,  ils campent à la perfection les personnages, un tandem vraiment réussi.  J’ai été également très touchée par le rôle de ce qu’on appelle dans le monde du journalisme « la source« . Avez-vous seulement idée des risques que prennent certaines personnes pour divulguer des secrets d’état, pour dénoncer des atrocités, pour lever le voile sur les mensonges les plus ignobles! Car détourner des dossiers confidentiels est une faute grave, punie par la loi, heureusement, il arrive que certains courageux le fassent pour informer, rétablir la vérité, réveiller les esprits endormis, pour mettre fin à une mascarade! Sachez que chaque jour des journalistes font leur travail pour nous informer au plus près, nous prévenir des dégâts par exemple causés par un médicament, ou un incident « nucléaire ou autre ». Notre « défense » est un peu aussi le métier du journaliste. Le journaliste, par la divulgation de la vérité, nous informe mais nous protège aussi. Je parle des vrais journalistes car ceux qui nous racontent de quelle couleur est la culotte de la princesse Bidule, ceux-là je ne les qualifierai pas vraiment de journalistes! Excusez-moi si je ne m’intéresse pas à ce genre de presse.

Ici il s’agit de montrer au peuple américain qu’on l’a dupé et qu’on a demandé à des milliers d’américains d’aller se battre au Vietnam pour leur pays en sachant que cela était peine perdue pour l’Amérique!

Ce film parle de la liberté de la presse et nous prouve qu’il faut continuer à se battre pour garder une presse libre comme Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné.

Le travail des journalistes n’est pas de nous servir des informations édulcorées pour nous ménager car tôt ou tard la vérité remonte toujours à la surface!!!!

Que vous dire de plus sur ce film si ce n’est qu’il est brillant, qu’il nous ramène à un sujet d’actualité car la liberté de la presse reste aujourd’hui un sujet extrêmement sensible souvenons-nous de Charlie. Je dis qu’il nous faut ici en France et partout ailleurs dans le monde une presse libre et comme il est très bien dit dans le film le journaliste n’a qu’une mission « celle de servir les gouvernés et non les gouvernants. »

 

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Crédit photos: Allociné

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