Grandir.…et si on décortiquait un peu ce verbe? Ce verbe s’applique à bien des choses en vérité autant humaines qu’inhumaines….
On peut agrandir sa maison, son jardin, agrandir son cercle d’amis, on peut aussi voir « grandir » un sentiment qu’on avait pour quelque chose ou quelqu’un….
On dit souvent à un enfant, « tu sauras ou tu verras quand tu seras grand… » mais en fait sommes-nous grands un jour, et que savons-nous? Devenir adulte est-ce devenir grand, que veut dire être grand: avoir une grandeur d’âme? Si c’est cela, on peut l’être bien avant d’avoir atteint l’âge adulte!
Toutes ces réflexions un peu métaphysiques me viennent à l’esprit au moment où je viens d’achever un très joli voyage à Lisbonne avec ma fille unique. Pendant ce moment d’intimité retrouvé, beaucoup de pensées se sont télescopées dans ma tête, comme si mon cerveau devenait le terrain de jeu des pensées « tamponeuses »….
Ce dernier voyage (peut-être l’ultime…) a déclenché beaucoup d’émotions, d’interrogations et a mis en lumière, en moi, des évidences. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas pu toutes les deux, mère et fille, partager autant d’intimité dans un lieu neutre. Ni chez elle, ni chez moi.
Je prends la mesure depuis quelques semaines, voir quelques mois, depuis son récent mariage peut-être, que maintenant ma fille est devenue femme, une femme avec son propre libre-arbitre, son émotionnel, ses réactions, ses croyances, ses convictions. Je réalise vraiment aujourd’hui, malgré l’affection que nous nous portons toutes les deux, combien nos idées divergent et même s’affrontent.
Ai-je été une bonne mère? Je ne le sais pas en fait, j’ai essayé. Selon moi, une « bonne mère » doit être celle qui accepte les divergences. Nos enfants ne doivent pas être nos miroirs, nos clones.
C’est un vrai travail pour un parent d’accepter les divergences d’attitudes et d’opinions d’un enfant qu’on a élevé, qu’on a fait « grandir »…. A notre tour de grandir en acceptant leurs différences. Chaque parent guide son enfant vers des convictions mais au final l’enfant devient adulte et choisit son propre chemin, il acquiert sa liberté de pensée et heureusement qu’il en est ainsi!
Durant ce voyage, j’ai pris réellement conscience de l’impact du temps qui passe, du temps qu’il reste, de la marque du temps sur elle, sur moi et sur tout un chacun sur terre. J’ai pris conscience, comme sait le dire si poétiquement Baudelaire de la vitesse à laquelle l’horloge tourne. La mode passe, la terre tourne, les modes de vie évoluent, les sentiments évoluent, les moeurs évoluent….qu’est-ce qui demeure en fait?
Je suis maman et je prends conscience de ma difficulté à accepter le temps qui passe, et de tout ce que cela engendre et de la fin qui se rapproche….Peut-on être complices avec nos enfants lorsque nous avons une vision différente de la vie. La complicité existe-t-elle si nous ressentons les choses ou la vie différemment, si nous n’avons pas la même sensibilité face aux choses de la vie?
Aujourd’hui je sais que ce n’est plus à ma fille de grandir mais à moi en acceptant l’adulte qu’elle est, en respectant, en l’entourant sans l’étouffer, sans l’entraver, sans attendre d’elle le retour d’amour que je lui ai prodigué pendant trente deux ans…
Je dois accepter qu’elle n’a pas ma sensibilité, je dois accepter que le temps des câlins et de la douceur physique ne sera plus car parfois, une fois adulte, les enfants n’ont plus envie d’être dans nos bras, d’être câlinés ou enlacés même si il ne s’agit pas d’un lasso mais juste d’une étreinte… La douceur et l’empathie ne sont pas innées ni éternelles chez l’être humain.
La douceur donnée à un enfant ne vous revient pas en boomerang…. Pourtant je l’aurais cru….
Cette prise de conscience me conforte encore davantage dans ma conviction qu’aimer c’est ne jamais rien attendre en retour et surtout pas de nos enfants..
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Crédits photos: Allociné