Mère, ou grand-mère inné ou acquis?

Je me suis toujours posée beaucoup de questions sur la maternité au sens large du terme. Etre maman est-ce quelque chose qui nous vient, à nous les femmes, de façon naturelle ou est ce un « métier »? Ne passe-t-on pas par des phases d’apprentissage?

Pour moi la fonction de maman n’a pas été si simple. Je me  sentais à la fois absolument solidaire de mon bébé et en même temps complètement désemparée. Ayant souffert de l’absence d’une mère, d’une soeur pour pouvoir marcher dans d’autres traces j’ai avancé à tâtons et j’ai commis un certain nombre de maladresses, comme beaucoup de mamans je suppose…. Heureusement que la PMI supervisait la situation!

Etre maman semble être le métier le plus naturel du monde et pourtant c’est le métier sur lequel je me suis posée le plus de questions bien plus que lorsque je suis devenue éducatrice. Pas de réunion de supervision, on se débrouille seule, à l’instinct, en fait on se laisse guider par notre bébé et on apprend tous les jours.

Qu’en est-il de la fonction de grand-mère? Il fallait bien qu’un jour la question tombe sur le tapis? Est-ce plus simple? Tout le monde dit : « être grand-parents c’est ce qu’il y a de plus simple, on peut tout se permettre on est là pour aimer et non pour éduquer….  » Que nenni, pour moi la grand-mère ou le grand-père peuvent être l’un comme l’autre un repère, un autre cocon où l’on grandit et on apprend.

Je ne serais jamais une grand-mère gâteuse ou « gagatifiante ». L’enfant est une personne et c’est ainsi qu’il doit être traité et non comme une petite chose qui ne comprend pas et dont le seul but est de s’amuser.

Mon rêve serait d’être la même que celle que j’ai été en tant que maman, la grand-mère qui raconte, qui fait découvrir, qui lance des défis, qui balade en forêt, qui apprend à faire des gâteaux, à faire des collages en papier et des mobiles avec du bois ramassé en forêt. La grand-mère qui traîne des heures à la bibliothèque, celle qui prépare les costumes de carnaval, qui est une fidèle des salles obscures, prête à toujours se régaler lors de la sortie de tous les dessins animés….

La grand-mère a qui on se confie, la grand-mère détentrice des secrets, des remèdes à tous les chagrins, la grand-mère qui sourit et qui danse toujours le rock dans le salon et chante à tue-tête les succès de Walt Disney. Voilà la grand-mère que j’ai envie d’être. Et je resterais ce que je suis une mamie voyageuse, une mamie qui ne tient pas en place et qui ne sera jamais une « gardienne ».

Et lorsque le  jour arrivera où je ne me sentirais pas de recevoir ma petite fille ou mon petit fils je veux être capable de dire non, jamais je ne voudrais imposer une grand-mère morose ou malade à mes futurs petits enfants! Je veux être une mamie « vérité » et une mamie libre pas jugée, pas entravée. Les enfants sont pour moi capables de comprendre que les grandes personnes ne sont pas toujours en pleine forme! Les grands-parents encore moins que leurs parents!

 

Je veux être la mamie Mary Poppins sinon je ne serais pas!!

Et vous quelle grand-mère êtes-vous? Ou quelle grand-mère souhaitait vous devenir? Ce nouveau rôle vous fait-il peur?

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Prisonnière mais guerriere

Je vous livre aujourd’hui une partie de moi-même, même peut-être plus qu’une partie…. Car telle est ma vie, encore aujourd’hui, je marche sur mon chemin  si chaotique, si douloureux, si problématique parfois, mais je marche encore et je sais que même dans la douleur, même prisonnière je suis une guerrière, une battante, une résiliente.

 

Cette maladie dont on ne parle jamais et qui me touche moi depuis des années, un demi-siècle en fait, n’est pas une maladie d’adolescente uniquement. Certaines, (certains aussi d’ailleurs car cette maladie touche aussi les garçons) en souffrent jusqu’à l’âge adulte et jusqu’à leur mort. Jusqu’à leur départ, parfois précipité, sans n’avoir jamais connu autre chose que les angles de cette prison. Avec tout de même parfois quelques moments furtifs où le corps se fait un peu oublié.

Quelle étrange maladie que l’anorexie mentale, combien de professeurs, médecins, cliniciens se sont penchés dessus en tentant de comprendre où elle prend sa source et comment peut-on en guérir.

Le chemin vers la guérison est long, interminablement long, d’autant plus long quand la maladie est diagnostiquée une fois l’âge adulte atteint. Cette maladie puise sa vitalité au coeur de l’enfance, l’enfance et la  pré-adolescence étant des instants cruciaux pour le développement psychique d’une personne. La maladie est provoquée invariablement par un état émotionnel que nous connaissons tous dans la vie et pourtant parfois cette émotion négative qu’est la peur a des répercussions à vie sur le comportement social d’une personne.

Toute maladie en lien avec la nourriture, anorexie ou boulimie, trouve souvent racine dans l’enfance. Il faut savoir que l’anorexie mentale est une maladie très sournoise et vient d’un sentiment très fort de peur et d’insécurité. Quand on a peur, où qu’on a subi une peur terrible au moment où l’on était enfant et qu’à cette époque on ne comprend pas ce qu’il se passe, on devient un adulte fragile émotionnellement, doté d’une hypersensibilité, instable sur le plan affectif, en quête tout le temps de quelque chose d’irremplaçable.  Toute la vie durant, cette personne mettra en place des mécanismes de défense pour sécuriser au maximum son périmètre, car la seule chose contrôlable dans la vie d’une anorexique angoissée et privée d’amour devient la nourriture. C’est la personne malade qui décide pour elle et non les autres, elle ne subit plus, elle devient capitaine, elle maîtrise, gère, contrôle.

Cette maladie est très sournoise car il n’y a rien de plus jouissif que de se sentir détaché du matériel, de la nourriture, on se sent invincible, moins on mange et plus c’est l’extase, on est au dessus, on est hors du monde, seul et heureux, à l’abri. On n’a jamais conscience de la mort qui rôde au contraire, on est enfin libre, on devient un pur esprit, inatteignable, intouchable.

J’ai perdu ma mère à l’âge de onze ans. Mes parents étaient séparés et après une période de vacances scolaires passées avec mon père, à mon retour, au mois de septembre, ma mère a décidé de ne pas me rouvrir ni la porte de la maison, ni ses bras, ni son coeur……

Sur le moment, quand on est enfant, on n’a aucune conscience des dégâts que peut faire un tel abandon, d’une personne en qui on n’a, en principe, le plus confiance, sa maman. Les conséquences viennent beaucoup plus tard et souvent on est obligé, après une multitude de tentatives de suicide avortées, de situations professionnelles complexes, d’échecs amoureux, de difficultés de socialisation, d’impossibilité de fonder une famille, une multitude de peurs, de larmes, de fugues, de kilos perdus, de trouver le courage d’aller en parler.

Malgré ce long chemin de thérapie, douloureux où il faut tenter de défaire des comportements qu’on pense salvateurs pour soi, le chemin reste parfois sans issue. La maladie s’accroche et à chaque choc émotionnel, elle ressurgit de plus belle. A chaque fois que la peur revient, rôde, l’insécurité se dresse devant vous, la maladie se dresse, elle aussi encore plus forte.

Aujourd’hui, à 60 ans demain, voilà ce qu’est ma vie, un contrôle permanent sur moi-même pour ne pas me faire mal, me brûler les ailes. Chaque déception je me l’attribue, chaque échec je me l’attribue encore et encore… Jamais je ne mets l’autre en cause.

La seule en cause ne peut être que moi, c’est moi qui suis coupable, mauvaise, puisque je n’inspire pas l’amour, ni le respect. Je me laisse berner, abuser, je m’autorise à devenir « un objet » et non un sujet, une vraie personne avec un libre-arbitre puisque ma maman n’a pas voulu m’aimer……

Et même si aujourd’hui j’ai pardonné à ma maman cet abandon si cruel, cela n’empêche pas le manque que j’ai d’elle et le trou béant d’amour qu’elle a laissé et que je ne parviendrais jamais à combler et que personne ne pourra combler c’est ainsi.

Je t’aime maman et j’espère que tu es heureuse au pays des étoiles…

 

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